Bataclan
13 Novembre 2015
Où est-il parti ?
Dans le geste qui sauve.
Dans le simple qui rend la beauté quotidienne.
Dans la langue qui transperce les nuisances sonores.
Dans la peur qui nourrit le fragile de l’existence.
Dans la colère qui réinvente la couleur et appelle le geste qui reconnaît.
Dans l’oubli qui est la mémoire dépouillée du mensonge.
Dans l’action qui écrit l’histoire de l’ordinaire.
Dans la puissance du faire juste.
Dans le retrait qui sauvegarde le cœur de l’agitation, qui garde sauf le souvenir loin de la brûlure et de l’emprisonnement.
Dans l’engagement, à la suite du sillon du soleil, qui appelle le souffle à se dire dans ce qu’il y a à faire.
Dans le mensonge qui ne peut plus avoir prise dans ton cœur ; car tu sais maintenant que le rythme premier n’est pas la facile satisfaction, mais l’exigeante dépose là où ça se passe, là où le chant de la vie s’épanouit.
Dans l’oubli,
Que j’oublie mon nom, mes titres et les habits d’apparats…, que je me souvienne de l’impossible équilibre, du fragile sourire qui me fait signe, m’apprend la langue au cœur de la mémoire… Loin du monde qui aime cacher et se cacher… Loin de ma petite personne qui ne souhaite que le souvenir de l’inessentiel.
Nous oublierons encore
Nous vous trahirons encore
Mais nous reviendrons
Nous recueillir
Auprès de la mémoire de votre mort.
Grâce la douleur
Nous sommes vivants.
Grâce à la compassion
Nous sommes humains.
Grâce à l’amour
Nous touchons le grand.
s
Le mur s’érige, fier s’en va-t-il vers les cieux.
L’homme est à son service depuis la nuit des temps.
Il le nourrit de son sang.
Le cœur est de pierre.
Il regarde son œuvre et la dureté lui donne le tempo.
La main de l’homme caresse la création
Cher mur, que serais-je sans toi ?
Comment vivrais-je sans ta royale rectitude ?
Va mon enfant…, sillonne la terre, sépare,
Quadrille, cloisonne…
Telle est ta destinée.
Telle est ma volonté.
Le mur croît, prolifèrent ses ramifications
Et le monde ploie sous le poids du rigide.
Entre les murs, dans les murs
Son créateur n’en finit plus de vouloir.
Toujours !
Malgré le nombre
Malgré la taille
Malgré la puissance
Le mur n’est jamais assez mur.
Toujours
L’homme trouve le mur faible,
Cherche la force dans le mur futur.
L’espoir de la suprême protection rend les murs mous.
Les failles croissent avec les murs.
Les fissures gangrènent le dur.
Et l’homme
Dans son désespoir
Commande à son cœur le mur ultime
Apocalypse…
Nikos Précas